Les répercussions du harcèlement moral au travail

Publié le : 02 octobre 20209 mins de lecture

La vie professionnelle, avec sa routine de travail et la construction de sa carrière, est un défi à relever quotidiennement. Cependant, en plus des activités de routine, des problèmes éventuels et du stress, la coexistence au travail devient encore plus complexe dans les situations de harcèlement moral.

« Le harcèlement moral se produit lorsque des employés sont intentionnellement et continuellement exposés à des situations embarrassantes ou humiliantes dans l’environnement de travail. C’est en fait la violence psychologique qui conduit les travailleurs à se déstabiliser émotionnellement, parfois même à démissionner », explique la psychologue comportementale Letícia de Oliveira.

Malheureusement, le harcèlement est courant et peut arriver à tout le monde. « Il n’y a pas de profil déterminé qui prédispose une personne à être victime d’intimidation. Cependant, les victimes les plus fréquentes sont les femmes, les homosexuels, les personnes handicapées et les personnes âgées », explique Marcelle Santana Machado, avocate spécialisée en droit du travail chez Cavalcante Ramos Advogados.

Bien que l’agresseur soit, dans la plupart des cas, une personne occupant un poste plus élevé que la victime, patron, superviseur et gardien. Il est également possible que le harcèlement psychologique soit exercé par des collègues qui exercent la même fonction que la personne agressée.

Les raisons pour lesquelles une personne harcèle une autre personne au travail ne sont pas toujours claires ou rationnelles. Il peut s’agir d’un collègue qui essaie de vous nuire pour se faire remarquer, d’une tentative d’un supérieur de faire preuve d’autorité, d’un moyen pour l’employeur de créer un environnement non durable afin que le travailleur démissionne et qu’il n’ait pas à supporter les coûts salariaux d’un licenciement. Quelle que soit la cause, le harcèlement moral n’est jamais acceptable ou justifié et doit être signalé.

Qu’est-ce que le harcèlement ? 11 situations qui correspondent.

Il n’est pas toujours facile de distinguer une situation du harcèlement moral. Les victimes interprètent souvent le harcèlement comme quelque chose de « normal » dans l’environnement de travail, surtout si l’agression provient d’un supérieur. Il est donc important de rappeler que le harcèlement ne se caractérise pas par des tensions occasionnelles au travail (comme le stress, la critique constructive, les accusations éventuelles), mais plutôt par des attitudes systématiques ou récurrentes.

« Le harcèlement moral est toute conduite d’exposition du travailleur à des situations humiliantes et abusives, où la victime est isolée du groupe sans explications, empêchées de s’exprimer sans justification, harcelée, effrayée, ridiculisée, infériorisée, blâmée, de manière répétitive pendant la journée de travail et dans l’exercice de ses fonctions », précise Marcelle.

Le harcèlement moral peut être identifié dans des situations telles que :

  • Exigence de tâches qui ne correspondent pas à la fonction du travailleur ;
  • Dates limites pour les activités inaccessibles ;
  • Cacher des informations essentielles à l’exercice d’un métier ;
  • Ignorer délibérément la personne (ne pas la saluer, ne pas lui répondre, l’isoler, etc. 😉
  • Critiquer ou foirer de manière publique, en exposant la personne ;
  • Contrôle du temps passé dans la salle de bains ;
  • Critiquer le travail de manière excessive ou injuste ;
  • Ne pas tenir compte des recommandations médicales ;
  • Menaces de toutes sortes ;
  • Le ridicule, les blagues, les surnoms ;
  • Exposition de la vie privée de l’employé.

Il convient de souligner que, quel que soit le poste occupé par l’agresseur. S’il a un certain degré de parenté avec les propriétaires de l’entreprise, s’il en est lui-même le propriétaire, s’il en est le patron direct, s’il occupe un poste hiérarchiquement similaire au sien. Le harcèlement moral n’est jamais justifié : personne ne peut soumettre une autre personne à ce type de violence.

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Comment procéder

Le harcèlement moral laisse de profondes cicatrices sur la victime. Ce type de violence psychologique peut affecter la santé émotionnelle d’une personne, ainsi que nuire à sa vie professionnelle et à ses performances au travail. Il est donc fondamental de savoir comment procéder dans de telles situations pour agir et chercher des solutions.

Dans la vie personnelle

Comme pour tout type de traumatisme, il n’est pas facile de surmonter un cas de harcèlement moral. Chacun a sa propre façon de traiter les problèmes, ce qui fait que la nocivité de l’agression prend des dimensions différentes selon les personnes.

« La personne qui subit le harcèlement finit souvent par avoir des problèmes psychologiques, comme des attaques d’anxiété, du stress et de la dépression. De plus, ces employés finissent souvent par perdre toute référence à leurs valeurs et à leurs qualités, et peuvent se convaincre que ce sont eux dont parlaient leurs collègues harceleurs », explique Leticia.

Compter sur le soutien des amis et de la famille, rechercher des activités et des passe-temps qui aident à rétablir la confiance, travailler sur l’estime de soi et rechercher une aide professionnelle sont autant de moyens d’entamer le processus de dépassement.

« Les sources de réussite et d’importance aideront la victime à redéfinir ses qualités et à équilibrer son état émotionnel. Suivez une thérapie dès que possible, afin de comprendre les meilleurs moyens de rééquilibrer votre vie », conseille le psychologue.

Sur le plan professionnel

Résoudre la situation au travail peut être la partie la plus difficile : comme souvent l’agresseur est aussi le supérieur de la victime, la personne victime de harcèlement ne sait pas vers qui se tourner. De plus, l’idée de signaler l’agression peut être associée à la crainte d’aggraver la situation, de recevoir une punition et même d’être licencié.

Néanmoins, la plainte est une étape importante et doit être déposée pour que les services responsables de l’entreprise trouvent un moyen de résoudre le problème. Si l’agression est commise par des collègues, la victime peut signaler l’affaire à un supérieur ou à un patron direct. Lorsque l’agresseur est le supérieur lui-même, le signalement peut être fait dans d’autres stations.

« La victime doit signaler le harcèlement moral au service des ressources humaines ou du personnel de l’entreprise, pour exposer les faits, ainsi qu’au CIPA (Commission interne de prévention des accidents) et au SESMT (Service spécialisé pour la sécurité et la médecine du travail) de l’entreprise, le cas échéant, et le signaler également au syndicat professionnel de sa catégorie, qui dispose généralement d’un organe de service juridique, médical et social. Si la victime ne réussit pas, elle doit signaler le harcèlement moral au Ministère du Travail et de l’Emploi et au bureau du procureur du travail », dit Marcelle.

De manière légale

En plus du signalement interne, la victime peut choisir de porter la situation devant la justice, même si le harcèlement ne fait l’objet d’aucune législation spécifique.

« Puisqu’il n’est pas viable de garder son emploi, la victime doit demander un avocat afin de déposer une demande de résiliation indirecte du contrat de travail, sur présentation de preuves dans le processus, pour la conduite pratiquée par l’employeur prévu à l’article 483 de la CLT, puisqu’il n’existe pas de réglementation spécifique sur le harcèlement moral », explique Marcelle.

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Il n’est pas toujours facile de rassembler des preuves de la situation. Les collègues qui savent ce qui se passe ou qui ont déjà été témoins d’une agression peuvent également servir de témoins et les enregistrements de messages écrits peuvent être utiles.

« L’employé doit rassembler toutes les pièces justificatives pour démontrer le harcèlement moral subi. Elle peut souvent être démontrée par des infractions commises dans des courriers électroniques d’entreprise. Le salarié peut se confier à ses collègues de travail les plus proches afin de connaître les faits pour servir de témoins éventuels », indique Clenio Denardini Pereira, avocat spécialisé en droit du travail.

Sur la base des preuves acceptées par le juge, le licenciement sans motif valable sera décrété pour faute grave de l’employeur, en plus de l’obligation de payer des dommages moraux.

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